Déclaration de la FNEC FP-FO 94 au CDEN du 16 février
Le baccalauréat diplôme national obtenu après réussite d’épreuves nationales terminales ponctuelles et anonymes est la clef de voute de l’ensemble de l’Education Nationale. Son existence oblige l’Etat à fournir dans toutes les écoles, collèges, lycées, les enseignants dispensant les connaissances disciplinaires nécessaires. L’ensemble des programmes nationaux d’enseignement que ce soit ceux des écoles primaires, ou ceux du collège et du lycée constitue une forme de progression qui converge vers le BAC. De nombreuses contre-réformes ont été mises en œuvre par les gouvernements successifs pour développer l’autonomie des établissements scolaires (et dans ce cadre substituer des projets locaux aux programmes nationaux), tenter de remettre en cause l’égalité des droits des élèves, s’en prendre au statut national des enseignants et territorialiser l’école publique. Mais le processus de territorialisation reste inachevé.
Le ministre vient de confirmer l’injonction présidentielle des deux éléments intangibles annoncés lors de la campagne présidentielle : 4 épreuves terminales pour 60% de l’examen, le contrôle continu pour 40% mis en place dès la Première.
- Rappelons que dans le bac actuel les épreuves sont essentiellement ponctuelles (en une seule fois), terminales (en fin de lycée), anonymes (candidat et examinateur ne se connaissent pas) et nationales (même sujet dans tout le pays). C’est pour cela que l’on peut parler de bac national, un diplôme qui possède rigoureusement la même valeur, quel que soit le lycée d’où l’on vient, et confère les mêmes droits, et notamment le droit d’accès à l’Université.
- Avec le contrôle continu, seules les notes obtenues lors des contrôles en cours d’année sont prises en compte. Il n’y a pas d’anonymat, ce qui pose un problème d’impartialité. Il n’y a pas égalité : les épreuves sont différentes d’un établissement à un autre, voire d’une classe à une autre. Le diplôme ne possède plus de valeur nationale. Il y a autant de diplômes que d’établissements.
Chacun comprend que l’instauration du contrôle continu ferait voler en éclats le principe républicain d’égalité et organiserait de fait la mise en place de diplômes maison et d’enseignements à contenus et volumes locaux.
L’immense majorité des lycéens, notamment dans les quartiers populaires, se verraient ainsi condamnés à un bac en contrôle continu, portant la marque de leur quartier et qui n’aurait pas la même valeur.
Tout le monde comprend qu’en remettant en cause le BAC comme diplôme national, ce sont tous les programmes nationaux d’enseignement, toutes les garanties nationales qui existent à tous les niveaux dans l’Education Nationale qui sont remis en cause. Supprimer la clef de voute, aboutit immanquablement à menacer l’ensemble de l’édifice d’effondrement.
Face à cette situation la FNEC FP-FO exige le retrait du projet Blanquer contre le BAC et appelle à la grève le 22 mars.
C’est dans la même logique de territorialisation de l’école que le décret Blanquer sur les rythmes scolaires, dans la continuité des décrets Peillon et Hamon, confirme les municipalités comme «maîtres d’œuvre» de la définition de l’organisation de la semaine scolaire.
Il autorise et préconise la mise en place de calendriers locaux, par école, dépendant de chaque Projet Educatif Territorial et des contingences territoriales. Ce serait à chaque commune, voire à chaque école ou groupe d’écoles, ses « rythmes » et son calendrier scolaire. Face à cette situation difficile, la mobilisation des enseignants de notre département a mis au centre l’exigence du rétablissement du même rythme pour tous, d’une même norme fixée par l’Etat, dans toutes les écoles, dans toutes les communes.
Cette mobilisation a abouti à ce qu’aujourd’hui dans le Val-de-Marne les écoles de 45 communes (sur les 47 du département), soit près de 580 écoles fonctionnent sur 4 jours sur 36 semaines à la rentrée prochaine. Deux maires, ceux de Maisons-Alfort et Vincennes, tentent d’imposer contre l’avis de la quasi-totalité des conseils d’écoles de ces communes un rythme différent en se réfugiant derrière les résultats (d’ailleurs très contestables et contestés) de consultations ou sondage locaux qu’ils ont organisés. Comment accepter que l’organisation et le fonctionnement de l’école publique laïque et Républicaine dépendent maintenant des résultats de sondages locaux ? Les enseignants de ces 2 communes ont fait grève à 90% pour que leurs écoles fonctionnent sur 4 jours, comme toutes les autres écoles du département.
Les 37 directeurs des écoles de ces 2 villes viennent de signer un courrier avec l’ensemble des organisations syndicales siégeant au CDEN demandant au Préfet de les recevoir. Ils lui écrivent notamment « Dans un souci de cohérence organisationnelle et d’équité pour tous les écoliers de Vincennes, de Maisons-Alfort et du département, nous vous sollicitons pour intercéder auprès de Madame le Maire de Vincennes, et de Monsieur le Maire de Maisons-Alfort, afin qu’ils mettent en place dès la rentrée 2018, les mêmes rythmes scolaires sur quatre jours, dans toutes les écoles vincennoises et maisonnaises, comme dans celles des autres communes du Val de Marne. »
Tous ceux qui ont à cœur la défense de l’école publique républicaine, donc de son unité permettant de respecter l’égalité des droits des élèves et des personnels interviendront pour que l’Etat, qui est encore responsable de l’Education Nationale prenne ses responsabilités et ne laisse pas les sondages locaux décider de l’organisation des écoles publiques.
Enfin, les annonces concernant le projet de carte scolaire 2018, établi en conformité avec les exigences gouvernementales, nous amènent à avoir les plus grandes craintes quant à l’avenir de l’école publique dans notre département :
- 180 fermetures de classes, avec des effectifs prévisionnels en augmentation ! Du jamais vu dans ce département !
- 110 fermetures en maternelle – 1 école sur 3 – voici ce qui donne le véritable contenu des Assises « sur la place » de la maternelle « de demain » en mars 2018 : une SAIGNEE !!!
- La remise en cause du cadre départemental des décharges de direction en zone banale (prélude à sa remise en cause en Education prioritaire) et la remise en cause de la comptabilisation des poste E pour toutes les décharges (banale, REP et REP+) ! Tout ceci s’ajoutant à la suppression des contrats aidés d’assistants administratifs. Voilà donc la réalité concrète de la simplification des tâches et de la bienveillance de l’institution envers les collègues adjoints chargés de direction.
- La suppression de tous les postes de ZIL transformés en BD !
Ce sont des conquêtes et garanties obtenues depuis des décennies par les enseignants du département avec leurs organisations syndicales qui sont aujourd’hui menacées de disparition.
Le 9 février dernier, les enseignants du département étaient massivement en grève pour le retrait du projet de carte scolaire DASEN-Ministre. Une école sur trois était totalement fermée. Des centaines ont manifesté jusqu’à la Préfecture et devant le ministère de l’Education nationale.
La mobilisation massive des enseignants a entrainé celle des parents et des élus qui rejettent ce projet de carte scolaire.
Dans ces conditions, plutôt que de continuer coûte que coûte, contre tous, dans une totale surdité, la solution la plus raisonnable consisterait à ce que DASEN, Recteur et Ministre cessent de tenter d’imposer contre tous ce projet de carte scolaire destructeur de l’école publique. Il est indispensable que les 180 fermetures de classes soient annulées, que la remise en cause des décharges de direction en zone banale soit abandonnée, tout comme la suppression des ZIL soit abandonnée et la généralisation des postes DUO. Il n’y a pas d’autres solution raisonnable que de tout annuler et tout remettre à plat en ouvrant des négociations sur la base des revendications des écoles, portées par les organisations syndicales.
Dans les collèges du Val-de-Marne les prévisions sont de 448 élèves de plus en classes « banales », l’équivalent d’un collège moyen mais avec seulement 369,5 heures-postes en plus, l’équivalent de 20 postes, pour y faire face ! Conséquence : les DHG diminuent.
Nous y reviendrons dans le détail mais, par exemple, à Léon-Blum à Alfortville moins 47 heures pour une classe en moins, à Victor-Hugo à Cachan moins 46 heures pour une classe en moins, à Guy-Môquet à Villejuif moins 38 heures pour une classe en moins, à Watteau à Nogent-sur-Marne moins 41 heures pour une classe en moins !
Dans les 22 collèges qui perdent des classes, la DHG baisse en moyenne de 34h pour chaque classe fermée au lieu de 29 ; au contraire, dans les 22 collèges qui gagnent des classes, la DHG n’augmente en moyenne que de 26,8h pour chaque classe ouverte au lieu de 29 ; de même, les 44 collèges qui gardent le même nombre de classes perdent en tout 64h.
Cette nouvelle détérioration est claire puisque le taux H/E baisse. Une règle de trois entre les nombres d’heures-postes et d’élèves montre que pour le simple maintien de ce H/E, il faudrait 33 postes au lieu des 12 prévus. Il en manquera donc 21, et encore, seulement si on compare de prévision à prévision. Pour maintenir le taux réel constaté à cette rentrée, il faudrait 44 postes donc 32 de plus que ce qui est annoncé. Nous demandons la création de ces 32 postes indispensables au simple maintien de la situation actuelle et la création de toutes les heures et classes nécessaires pour abaisser les effectifs.
Nous vous remercions de votre écoute.