« Je remercie l’institution de ne pas salir mon nom »

Le SNUDI FO 94 s’associe à la douleur de la famille et des collègues de Christine Renon, directrice d’école maternelle à Pantin (93), qui s’est suicidée le week-end dernier.

Nous partageons la consternation, la sidération et surtout la colère de nos collègues de Seine-Saint-Denis qui étaient rassemblés à près de 1000 ce jeudi à 18h, devant l’école Méhul où enseignait notre collègue, pour lui rendre hommage et exprimer collectivement leur indignation.

Nous invitons les collègues à lire le courrier bouleversant que Christine Renon, a tenu à adresser à tous les directeurs de sa commune, ainsi qu’à l’inspection ; courrier faisant état de son épuisement professionnel, et de ses conditions de travail quotidiennes en conséquence des mesures prises par les gouvernements successifs.

De nombreux collègues ont tenu à nous faire connaître leurs réactions. Nous communiquons plusieurs d’entre elles :

  • « Ce qu’elle dit dans cette lettre, c’est juste insupportable. C’est une journée de travail type. Tout le monde s’est reconnu. »
  • Une des 58 BR : « Tout ce qu’elle dit est tellement vrai…  Je repense à notre détresse il y a 3mois… »
  • « Tout le monde est très en colère et nous avons envie de nous battre. Ce n’est pas un geste isolé, mais c’est un révélateur d’une souffrance au travail. Son nom est un appel à résister. »
  • Une directrice de Pantin : « notre hiérarchie nous avait demandé de remettre les courriers de Christine à la Police, de ne pas les diffuser. Nous avons tous refusé. »
  • « L’école a rouvert au lendemain de sa mort sur autorisation de l’Inspection Académique et de la mairie. On n’a pas laissé de temps suffisant aux personnels, aux enseignants, aux Atsem, qui avaient besoin de se recueillir. Un fois de plus c’est un total manque de respect pour les personnels. »
  • Une ancienne collègue de Christine Renon, aujourd’hui dans le Val-de-Marne : « Il faut aussi savoir que les collègues de Pantin sont toujours confrontés aux rythmes scolaires, à la gestion quotidienne des TAP et à l’épuisement qui en résulte. Le Maire ne veut rien entendre et s’entête à maintenir les 4 jours et demi et les autorités de l’Education Nationale sont plus préoccupées par satisfaire les maires que de prendre soin des enseignants et des élèves. Résultats : énormément de collègues titulaires sont partis et 80 T1 ont été nommés à Pantin, sans compter les stagiaires… »
  • En même temps qu’a été rendu public le décès de Christine Renon, la presse informait de la tentative de suicide d’un professeur des écoles de la circonscription d’Istres (13). « Avec 39 cas pour 100 000, le taux de suicide est 2,4 fois plus élevé parmi les enseignants que pour la moyenne des salariés. Mais l’Education Nationale se tait sur ce phénomène. » (Médiapart). « Ca n’empêche pas un élu que nous venons d’interpeller au sujet des conditions inadmissibles qui sont celles de nos écoles d’oser répondre que de nos jours il y a de plus en plus de suicides sur les lieux de travail et qu’il va falloir faire avec. » témoigne une collègue.

« Mais les directeurs sont seuls ! Seuls pour apprécier les situations, seuls pour traiter la situation car les parents ne veulent pas des réponses différées, tout se passe dans la violence de l’immédiateté. Ils sont particulièrement exposés et on leur en demande de plus en plus sans jamais les protéger. La semaine après la rentrée ils sont déjà épuisés. » Lettre de Christine Renon.

  • « La directrice académique du Val-de-Marne a adressé une lettre à chaque parent d’enfant handicapé dont j’ai appris l’existence par un parent qui me l’a transmise. Nous n’étions pas au courant et pourtant dans cette lettre la DASEN écrit aux parents « vous serez reçus par le directeur d’école qui organisera un entretien avec le professeur des écoles et l’AESH de votre enfant afin d’échanger sur les enjeux spécifiques de l’accompagnement. » Et comme si cela ne suffisait pas la direction académique vient d’inventer des formations sur le temps de décharge pour les directeurs. Et quand est-ce que l’on pourra faire notre travail administratif ? Le samedi ? Le dimanche ? le soir ? la nuit ?»

« C’est une honte qu’il y ait des directeurs non déchargés. » Lettre de Christine Renon

Rappelons que le Ministre Blanquer a supprimé à la rentrée 2017 l’ensemble des contrats aidés chargés d’assister administrativement les directions d’école.

Rappelons qu’à la rentrée 2018 la directrice académique du Val-de-Marne a supprimé le cadre départemental des décharges pour les écoles en zone banale : près de 120 directions d’écoles ont ainsi été touchées par cette mesure leur faisant perdre une partie de la décharge et (ou) de leur régime indemnitaire.

Rappelons que dans le département du Val-de-Marne, contrairement à la quasi-totalité des autres départements, les dédoublements de GS, de CP et de CE1 ne sont pas comptabilisés comme des classes pour le calcul des décharges de direction et pour le régime indemnitaire des directeurs.

Rappelons que la dégradation des conditions de travail des enseignants, directeurs et adjoints, découle des mesures et « contre-réformes » mises en œuvre par les gouvernements et ministres successifs : rythmes scolaires, école du socle, inclusions systématiques des élèves handicapés, PEdT et territorialisation de l’école, entretien de carrière subjectif et « salaire au mérite » mis en place avec PPCR, loi Blanquer, cités éducatives…

Rappelons enfin que le gouvernement tente de supprimer le code des pensions et les 42 régimes de retraites pour instaurer un régime universel par points qui aboutirait à faire baisser de 30 à 40% les retraites des enseignants du premier degré.

Pour le SNUDI-FO 94 il y a urgence à stopper la dégradation de nos conditions de travail, il y a urgence à bloquer la réforme des retraites et toutes les contre réformes !

Rassemblons-nous pour défendre notre statut d’enseignants fonctionnaires d’Etat : Participons aux RIS du SNUDI-FO 94

 

 

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